De plus en plus d'automobilistes ont recours à ces appareils illégaux pour éviter les flashs. Les gendarmes, qui les jugent inefficaces, mettent en garde contre les amendes salées.
Qui ne s'est pas fait flasher au moins une fois au cours de ces derniers mois ? Ou n'a pas déjà appuyé comme un dingue sur sa pédale de frein pour en éviter un, au risque de provoquer un accident ? Depuis l'application du principe de la tolérance zéro sur les routes, les radars fixes ou embarqués pullulent sur le bord des routes. Au 31 août 2008, on en comptait 2103, contre 1000 en 2006... Des centaines d'autres doivent encore être implantés d'ici à 2011. Et ils ne servent pas seulement à tenir compagnie aux platanes. L'an passé, ils ont rapporté plus de 400 millions d'euros à l'Etat ! Résultat, de plus en plus d'automobilistes n'hésitent plus à s'équiper de détecteurs de radars, ces appareils capables de débusquer les radars grâce aux ondes qu'ils émettent en permanence. Totalement illégaux en France, ces boîtiers se trouvent facilement sur les sites internet de vente par correspondance basés dans des pays frontaliers où la législation est plus floue.
Si on ne peut parler de phénomène, la tendance est bien là. En 2007, les gendarmes ont relevé 576 infractions liées aux détecteurs de radars, contre 411 en 2006. Au 31 juillet 2008, on en comptabilisait déjà 391, ce qui laisse présager une hausse de 20 à 30% à la fin de l'année par rapport à 2007. Selon le quotidien La Dépêche, en Haute-Garonne, les gendarmes ont déjà saisi 30 détecteurs depuis le début de l'année, contre seulement 8 en 2006.
Les détecteurs, inefficaces et pervers ?
Les acquisitions de ces appareils se faisant illégalement, il est impossible de recenser leur nombre exact en France. Et pour les gendarmes, cela fait partie des infractions les plus difficiles à relever. "Arrêter quelqu'un pour un excès de vitesse ne nous autorise pas à fouiller le véhicule, explique le capitaine Marc Evans, commandant de l'escadron départemental de la sécurité routière dans les Yvelines. Pour cela, il faut avoir repéré l'appareil depuis l'extérieur ce qui n'est pas toujours évident".
Alors, plutôt que de faire la chasse aux appareils illégaux, on préfère jouer la prévention en soulignant l'"inefficacité" et la "perversité" de ces appareils. "D'abord, il faut savoir que ces détecteurs de radars ne repèrent pas tous les cinémomètres, explique Marc Evans. L'Eurolaser ou l'Ultralyte, par exemple, n'émettent une onde qu'au moment de la prise de mesure. Pour le conducteur, il est donc déjà trop tard quand son appareil le prévient". Autre effet pervers, note le gendarme : quand les amendes tombent, elles sont encore plus salées. "Quelqu'un qui s'équipe d'un détecteur ne le fait pas pour pouvoir rouler à 135 km/h au lieu des 130 km/h autorisés. Il le fait pour mettre la gomme. Et le jour où il se fait attraper à cause d'un contrôle impromptu à la jumelle, dont les ondes sont elles aussi indétectables, comme il roule beaucoup plus vite, il ramasse une amende beaucoup plus grosse". Le code prévoit en effet une amende de 5e classe allant jusqu'à 2000 euros, une suspension de permis jusqu'à six mois, un retrait de deux points et la saisie du matériel.
Une solution légale existe : l'avertisseur
Flairant le bon filon, plusieurs sociétés se sont spécialisées depuis quelques années dans la mise au point de GPS incluant un avertisseur de radar. Inforad, Coyott... Ces appareils, parfaitement légaux pour le coup, se trouvent à partir de 50 euros aussi bien chez les concessionnaires que dans la grande ou petite distribution. Si les plus basiques se contentent de localiser les radars fixes, les plus perfectionnés précisent également les emplacements habituels des radars mobiles.
La société Inforad, première entreprise à se lancer en France sur ce marché, a écoulé plus de 800 000 appareils depuis septembre 2004. Elle prévoit une croissance de 30% de ses ventes entre 2007 et 2008.
"Le profil de nos acheteurs est clairement identifié, constate Pierre Falovo, directeur commercial d'Inforad France. "Il s'agit à 95% d'hommes, âgés d'au minimum 40 ans, roulant tous les jours, et qui se sont généralement faits piéger bêtement une fois pour une poignée de kilomètres en trop". Piégé bêtement ou pas, il reste une solution simple, gratuite et terriblement efficace pour se prémunir des radars : respecter les limitations de vitesse....